À la recherche d’une grosse GT, en Tanzanie …
Se fixer comme but la prise d’une très grande carangue est un objectif qui fait rêver avant un départ. Pour un pêcheur au leurre c’est une sorte de graal. L’idée prend forme, on se fait la promesse de ne rien lâcher, de s’accrocher quelque soit le déroulement de la pêche. L’île de Mafia est un spot intéressant pour faire monter un tel poisson et pour y avoir déjà été, je connais les avantages et surtout les inconvénients de cette pêche dédiée à un seul poisson. Car sur place, lorsque les journées se succèdent, il faut quand même un sacré moral pour y croire ! Et cette motivation est l’ingrédient indispensable pour parvenir à ses fins ! Une fois qu’on est sur le terrain, plus facile à dire qu’à faire, les séquences sont longues et les touches très espacées…
Nous sommes deux copains pour cette nouvelle aventure, le troisième équipier nous ayant lâché au dernier moment. Pêcher à 2 dans l’espoir de capturer une grosse ignobilis n’est pas forcément un avantage. Ces gros poissons réagissent bien aux bruits, surtout lorsque nous prospectons des fonds importants. Et mieux vaut 3 poppers que 2 pour couvrir de la surface et faire du bruit.
La pêche sur les côtes de Mafia ce n’est jamais facile. J’ai connu en Tanzanie une époque incroyable il y a 30ans, mais depuis la densité de poissons a largement chuté. Sur Mafia il reste heureusement ce petit air d’authenticité très plaisant avec un skipper vraiment sympa qui ne baisse jamais les bras. Et puis nage encore dans ses eaux quelques poisons d’une taille fantastique !
Le premier jour remet clairement les idées en place. Une matinée totalement bredouille et une pluie insistante assez désagréable ! Ce n’est qu’en milieu d’après midi que je plie ma canne, grâce à un popper de 150 gr. Deux ignos dont une qui dépasse les 20 kg et une carangue bleue. Mon pote est fatigué par le voyage et baisse les bras assez vite.
Le lendemain sera identique, mais avec une météo plus clémente. Cela représente quand même pour 2 jours 12 à 14 h de vide absolu et 1h30 à 2h de période active. Chacun traduit ça comme il veut, la vérité c’est qu’il faut s’accrocher ! C’est toujours facile de dire qu’on ne baissera pas les bras. La réalité est nettement plus fatigante. On a besoin d’actions physiques ou visuelles pour se motiver. Cela reste une pêche lourde, ultra exigeante. Car il ne suffit pas de lancer, il faut travailler son leurre non-stop, sans faire d’erreurs. Perso moi j’aime, c’est comme ça…
Ce troisième jour sera un superbe tournant dans notre pêche. Tout au long de la journée nous ne voyons pas grand-chose. 4 suivis timides et un satané thon à dents de chien qui décolle avec mon popper et coupe le bas de ligne en fluoro YGK 200 lb ! Détail amusant il recrache ce leurre flottant et continue à tourner juste en dessous ! Malgré nos lancers, nous ne le reverrons pas. Fin d’après midi, le ciel se charge, la saucée va être XXL ! Quelques bancs d’algues dérivent en surface, sur un lancer court pour ne pas récolter des herbes, j’encaisse la touche tant attendue ! Mon gros stick bait coulant vient d’être attaqué par une bête conséquente. Le remous et les vagues en témoignent. Sur ma tresse de 100 lb et avec un frein solide la bagarre se passe curieusement très bien. Les coups de tête montrent que j’ai affaire à un très gros poisson. Le combat se passe sous le bateau, par 25 m, au ras du fond. Avec toujours la crainte d’une tête de roche piégeuse pour ma tresse. Puis la carangue cède et se met à monter en arc de cercle. La surprise est de taille lorsque l’ignobilis apparait. C’est un monstre ! Le skipper et le marin montent la bête à bord, incroyable. C’est une igno de 146 cm de long pour 104 cm de tour de taille. Pour un poids probable de 45 à 50 kg. Séquence photos puis relâche. Je réalise alors qu’il pleut à torrent, le ciel est gris sombre. Il est temps de rentrer…
Deux jours après en lançant un stick coulant en direction de la barrière de corail, je capture un deuxième très gros poisson, un barracuda océanique de 32 kg ! Pesé car il ne repart pas. Il a gobé mon stick qui est à l’envers au fond de sa gueule. Ce qui veut dire que le bas de ligne fluoro passe largement dans les dents ! Merci YGK ! La chance, la baraka, peu importe, c’est encore un sacré poisson !
Tous les soirs c’est l’inspection du matos, surtout de la tresse. Refaire les nœuds, vérifier chaque détail. J’ai 3 cannes, une solide Furrary 130 Travel, ma canne principale accompagnée d’une tresse en 100 lb. Mon autre canne est une Furrary Travel 80 qui est équipée d’une tresse YGK en 86 lb. C’est ma solution relax ! Lorsque les bras fatiguent, je pêche une heure ou deux avec cette 80 lb, la tresse est fluide la canne est plus souple et je descends légèrement en poids de leurre avec un stick coulant ou un popper de 140 gr au lieu de 190 gr. Histoire de me reposer ! Puis j’ai ma Exo Jig Travel en 50/60. Le jig n’est pas notre but, c’est juste pour varier. D’ailleurs sur une igno de quelques kilos que je remonte, je me fais attaquer par un monstre mérou !
Je vais le tenir suffisamment longtemps pour y croire… Je le remonte plusieurs fois mais il redescend avec beaucoup de facilité dans un style assez enclume ! Le frein est terrible, je tiens la canne à la verticale, pour mettre le plus de pression. Je peux affirmer que cette Travel est d’une solidité peu commune… Mais le mérou finit par recracher ma prise qui arrive en surface légèrement aplatie ! Fin de l’histoire.
Une matinée c’est le déluge. Pluies à répétition. Des seaux d’eau. Mon collègue capitule et moi j’encourage les troupes et on y va. 15 minutes de navigation et j’ai vaguement honte ! Faut être un peu frappé pour aller à la pêche avec un équipage qui probablement aurait aimé resté au sec ! Premier poste, alors qu’on ne distingue pas grand-chose j’ai la première attaque ! La bagarre nous redonne le sourire. Et je vais faire 7 ignobilis sur deux postes.
On est tous trempés, on rigole, on s’amuse. A 13h, la pluie s’arrête on part chercher mon coéquipier pour le coup du soir. Mais d’une certaine manière la magie est retombée…
Côté variété, j’ai pris un cobia, poisson assez rare ici et mon collègue fait une jolie pompano avec l’éternel Halco Roosta popper au bout du fil !
Je vais reprendre plusieurs belles ignobilis. Des 20 kg. Plus une un peu plus dodue. Mon pote aura moins de chance mais finira sur un joli poisson avec sa Tenryu Quatro Grand Traveler. Au bout de 8 jours nous avons les bras lourds, fatigués. Je n’ai pas baissé de rythme un instant, malgré des passages terriblement longs et vides. La qualité de la glacière et du pique nique nous a bien aidé aussi ! C’est la traque des gros poissons, une histoire assez classique ou le moral joue un rôle déterminant.