Aller à la pêche, c’est quelque part chercher un moyen de s’évader, de décrocher de son quotidien. Je ne m’attends à rien quand je pars au bord de l’eau, car absolument tout peut se passer. Et à chaque fois le même constat, mon cerveau ne peut s’empêcher d’y penser. Partir en imaginant toute la stratégie qui nous permettra de faire une session fantastique, se retrouver au bord de l’eau pour se rendre compte que rien ne marche, et ne plus rien comprendre. Rentrer, penser à tout ce que l’on a fait, mais réaliser toutes les possibilités que l’on n’a pas su exploiter. Cette recherche constante de compréhension, d’amélioration, fait de moi un réel mordu. Et c’est dans ce sens que j’ai essayé une nouvelle technique pour leurrer les percidés que j’apprécie tant, et que j’ai souhaité partager avec vous aujourd’hui.
Un peu d’histoire
Dans cette recherche de toujours vouloir m’améliorer, je me suis tourné vers une technique venant tout droit des Etats Unis, le ned rig. Cette technique, dont le nom est originaire de M. Ned Kehde, a été inventée dans les années 50, avant d’exploser dans les années 2000 avec les matériaux flottants. Une tête plombée plate, souvent en forme de champignon, permet de présenter un leurre dans toute la colonne d’eau à la descente, ainsi qu’à la verticale posé au fond sur le substrat. Pas question de battre du terrain avec cette technique, ici il est question de pêcher les spots marqués de façon lente, ou le « do nothing », comprenez par-là « ne rien faire », est souvent l’animation la plus efficace.
Xorus X Madness
Xorus et Ultimate Fishing ont développé une nouvelle tête ned rig, que j’ai immédiatement ajouté à mes boîtes de pêche, à savoir l’Ulti Ned Head. Armée d’un hameçon Decoy, elle se décline en 2 couleurs, dark green et chartreuse, et 4 poids. C’est une tête en forme de cylindre, assurant une présentation optimale sur le fond, avec un petit plat sur un côté qui permet une meilleure action lors de certaines animations.
Pour être efficace, le leurre que l’on monte sur cette tête doit être de préférence flottant. Madness et Ultimate Fishing ont ainsi développé en parallèle un leurre spécial s’associant parfaitement avec ces têtes plombées, l’Ulti Ned Worm. Ce petit leurre de 6.5cm pour 3gr est composé d’une matière spéciale, un élastomère thermoplastique ou TPE, comprenez par là qu’il est vraiment très résistant. Le seul point de vigilance est de ne pas mélanger ce type de matière avec d’autres leurres plus conventionnels car ils risqueraient de fondre. Sa partie terminale effilée dispose d’un petit logement où se cache un rattle, cylindre en verre avec 2 billes à l’intérieur. J’utilise aussi les Ulti Ned Head avec les leurres de chez Nikko, tels que les Zazas Leech, Hellgrammite et Nikko craw. Ils sont constitués du même type de matière, flottant donc, et extrêmement résistants.
Vous avez dit ned ?
Il existe plusieurs façons d’utiliser le montage ned rig, mais le point à retenir selon moi est de pêcher le plus léger possible. Toute la subtilité de cette technique réside dans deux points primordiaux : la phase de descente du leurre dans la colonne d’eau et sa présentation sur le substrat. Il est donc nécessaire d’utiliser une canne de type L à M pour animer correctement les leurres, et très tactile pour détecter le moindre mouvement et la moindre touche. Etant pêcheur du bord je suis limité dans le nombre de cannes que je peux amener avec moi. J’utilise pour cela une Tenryu Fast Finess M pour toutes mes pêches de sandres et de perches à gratter, équipée d’une tresse YGK Bornrush en PE 0.8, et de 5m de fluorocarbone YGK en 6 à 8lb.
Patience !
Les animations sont simples et démarrent de la même manière : je lance mon leurre, attends le contact avec le fond, je tends ma bannière et patiente quelques secondes avant de débuter le moindre mouvement.
La première animation que je pratique ressemble un peu à une pêche à la volée au X-layer pour les connaisseurs. Je fais une à deux petites tirées sèches et courtes pour faire décoller le leurre et faire claquer le rattle, récupère ma bannière au moulinet en même temps, puis je laisse retomber mon leurre, toujours bannière tendue. Une variation est de faire une tirée ample et douce, l’objectif étant de sentir l’extrémité du leurre vibrer dans la canne. Lors de la phase de descente le leurre doit planer, imitant un petit poisson en train de tomber. C’est pour cela qu’il est important de pêcher avec des grammages le plus léger possible. Par exemple, j’utilise 2gr dans des conditions sans vent ni courant dans 1 à 3m, et je monte à 3.5gr voir 5gr si le vent se lève ou s’il y a du courant pour garder un meilleur contrôle sur ma ligne, ou tout simplement si je pêche plus profond.
Une fois au fond c’est les nerfs du pêcheur qui entrent en jeu. Il ne faut pas hésiter à faire une pause de quelques secondes pour que le leurre se redresse et se positionne à la verticale. Cette pause peut se prolonger très longtemps, de 3 à 30 secondes par exemple l’hiver avec le refroidissement de l’eau ou si les poissons ne sont pas actifs. Cet été, les sandres ramassaient mon leurre après quelques secondes, ou lors de la reprise de l’animation. Mais j’ai le souvenir de quelques sessions en automne où les poissons prenaient mon leurre systématiquement après 20 secondes de pause.
Petite astuce : lors de cette pause, vous pouvez de temps de temps bouger délicatement la bannière pour animer le leurre sur place, il m’arrive de déclencher des touches comme cela.
La deuxième animation que je pratique est de faire trainer très lentement mon leurre au fond de l’eau en relevant ma canne, puis je récupère mon fil au moulinet, ce qui a l’avantage de soulever du substrat pour attirer les prédateurs curieux. C’est dans ce sens que le petit plat sur la tête plombée est utile. A nouveau, les phases d’animations sont entrecoupées de pauses.
Enfin, il peut arriver qu’une simple récupération en linéaire avec des twitchs rapides peut déclencher les poissons, mais ce n’est pas l’animation que j’utilise le plus.
Parlons maintenant des touches, c’est ce qui m’a rendu accro à cette technique. Elle est souvent très violente, un peu à la manière d’un sandre qui se saisit d’un leurre souple en train de planer tranquillement. Il ne se passe rien et bam, on se fait arracher la canne.
Le deuxième type de touche que j’ai rencontré est beaucoup plus déroutante. On voit sa bannière se décaler, ou bouger très légèrement, et à la reprise de l’animation un poisson est pendu. Et pourtant on n’a absolument rien sentit. Ce type de touche m’est souvent arrivé avec les grosses perches et les sandres de bonne taille, qui doivent ramasser au fond plutôt que d’aspirer fortement. Mais nos amis les brochets sont aussi spécialistes de ce type de touche…
Enfin, avant de voir son leurre se faire dévorer, il n’est pas rare de sentir les poissons venir « goûter » notre menu. Et c’est encore plus vrai si vous avez pensez à tartiner votre montage de halco catch sent. C’est pour cela qu’une canne très tactile prend tout son sens.
Quelques anecdotes de perches
Au début de l’automne dernier j’ai constaté énormément d’alevins dans le canal ou je vais régulièrement. Tous les matins et soirs même constat : regroupement des poissons et les perches qui tapent dedans. Seule méthode pour déclencher des touches, le ned rig. Je fais des petites tirées sèches puis pause au fond de l’eau. Après quelques secondes, je sens la queue bouger, puis boom, c’est l’aspiration. Je pense que les perches se nourrissent uniquement en ramassant au fond à ce moment-là. J’ai passé lentement un hazedong shad 3p exactement de même coloris, sur une tête ronde de même grammage, et rien. Ce qu’elles veulent, c’est la pause au fond, avec une certaine présentation. J’ai ainsi répété et affiné cette expérience, et même constat : quand les perches ne prenaient pas en linéaire, alors une animation plus ou moins dynamique avec pause au fond de l’eau me débloquait la situation. Une autre fois, il fallait un peu monter en taille, et à ce jeu c’est le zaza leech qui m’a permis de tirer mon épingle du jeu.
Mais aussi les sandres !
J’ai élargi ce type d’expérience en essayant le ned rig sur mes postes à sandres. Mes armes classiques sont le hazedong shad, le X-layer curly et le dark sleeper. Sauf que certains jours c’est à se demander si les sandres sont toujours sur le poste tellement l’activité est à zéro. L’utilisation du ned rig fût une révélation, j’ai enfin trouvé un nouvel atout pour les faire craquer quand ils ne veulent pas d’autres leurres. L’été, j’ai constaté qu’une pêche dynamique, en faisant claquer le rattle par des tirées sèches et courtes, fonctionne bien. Les sandres venant se saisir du leurre à la descente, mais aussi souvent à la pause ! Quand l’eau se refroidit, je préfère une animation plus lente avec des tirées plus amples et moins sèches. Enfin, à ce petit jeu, le coloris psychedelic chart est très souvent au-dessus du lot.
Les mots de la fin !
J’espère que ce petit retour d’expérience vous donnera envie de tester le ned rig. Un dernier conseil, n’oubliez pas de mettre de l’attractant tel que le halco catch sent afin de décider les poissons qui viendraient étudier de près votre offrande.
Merci pour votre lecture.
Amicalement, Jordane.









