Comme je l’ai évoqué à la fin de la partie 1 de cette série d’articles sur la pêche du bar au crankbait, il existe 2 grands types de crankbaits sur le marché, ceux qui ont une bavette en forme de losange appelés « squarebill crankbaits » et ceux qui ont une bavette arrondie appelés « round bill crankbaits » mais aussi des modèles un petit peu hybrides. Dans cette partie je vais essayer de vous présenter plusieurs modèles de cranks de différentes formes et de vous expliquer dans quelles conditions j’utilise chacun d’entre eux pour pêcher le bar. Au besoin vous pourrez naviguer vers les autres parties de cette série d’articles en cliquant ci-dessous.
partie 1 : introduction à la pêche du bar au crankbait
partie 2 : bavettes arrondies ou bavettes carrées, quels modèles choisir ? (lecture en cours)
partie 3 : canne, moulinet, ligne, hameçons… quel matériel pour pêcher au crankbait (bientôt disponible sur le blog)
A la question du choix des formes de bavettes il est souvent répondu qu’un squarebill (bavette carrée) passe beaucoup mieux les obstacles qu’un roundbill (bavette arrondie). C’est la réponse standard, classique et attendue et c’est vrai que s’il fallait retenir une différence principale ça serait probablement celle-ci. Du fait de sa bavette plus large au niveau de la base, un squarebill offre une plus grande surface de contact à l’obstacle en comparaison d’un roundbill et cela lui permet de se retourner avec plus d’amplitude et donc d’écarter largement les hameçons de l’obstacle.
Sur la photo ci-dessus on a deux cranks qui évoluent à peu près dans la même couche d’eau. On voit que la partie basse de la bavette du Sonic Side (à droite) est plus large que celle du B Switcher (à gauche) et que lorsque le leurre viendra en contact, la surface d’appui de la bavette sur l’obstacle sera plus grande favorisant ainsi un basculement complet du leurre sur lui même et réduisant encore les risques d’accroc.
Gardez cependant à l’esprit que cette règle qui veut qu’un squarebill s’accroche moins qu’un round bill reste une règle générale et que certains bons roundbill passent mieux les obstacles que certains mauvais squarebill. De même, cette règle vaut pour des cranks qui ont une taille équivalente et une profondeur de nage semblable. Les cranks grands plongeurs sont presque toujours des roundbill et ceux-ci, bien qu’ayant une bavette arrondie, offrent également une surface de contact importante qui permet aux meilleurs modèles de la catégorie de passer extrêmement bien les obstacles également.
Le ZC 75 ou le B Switcher 4.0 (à droite sur la photo ci-dessous) et leurs longues et larges bavettes n’ont pas grand chose à envier aux squarebills shallow runner (voir partie 1 de l’article) quand il s’agit de bien passer un obstacle.
Je vous ai fait ci-dessous une sélection de plusieurs modèles issus de ces 2 familles. Il existe énormément d’autres références sur le marché dont certaines chez Ultimate Fishing que je ne connais pas encore assez pour en parler et qui sont probablement très bonnes pour pêcher le bar également. Ma liste n’est donc pas exhaustive et je vous invite à la compléter dans les commentaires. Les modèles ci-dessous, classés par profondeur de nage, sont simplement ceux avec lesquels j’ai le plus pêché ces dernières années et qui m’ont rapporté de très bons résultats sur les bars.
Les crankbaits pour prospecter à proximité de la surface
Ce n’est pas la catégorie que j’utilise le plus régulièrement car c’est une couche d’eau que j’aime aussi prospecter avec beaucoup d’autres familles de leurres mais il m’arrive quand même d’y utiliser les crankbaits, en particulier lorsque je pêche au dessus d’un herbier où des poissons sont embusqués et au dessus desquels la hauteur d’eau libre est assez faible. Je pense en particulier à quelques zones d’herbiers de zostères, de haricots de mer, de laminaires ou encore de sargasses qui sont souvent des bonnes zones à prospecter autour des étales de marée basse. Je pêche surtout ces zones durant la première partie de saison quand elles sont occupées par beaucoup d’espèces de petits poissons et de crustacés (certaines y trouvent d’excellents supports de ponte), ce qui attire régulièrement les bars. Dans cette catégorie je ne vais vous présenter qu’un modèle car je le trouve au dessus du lot pour l’utilisation que j’en fais.
Le Megabass Over Rev Crank (ORC) Burning Shad
Ce leurre a une flottaison très importante qui me permet de le faire remonter en surface très rapidement à la faveur d’une pause pour passer au dessus d’un herbier un peu plus haut que les autres quand c’est nécessaire. Même si j’essaie de raser les algues sans les toucher, il s’en sort bien en cas de contact et s’y accroche assez peu. Il se lance extrêmement bien du fait de son système de transfert de masse LBO et fait un son du diable qui permet d’attirer l’attention d’un prédateur qui n’a pas forcément le leurre en visuel en raison du couvert végétal.
Son autre avantage c’est qu’il conserve une belle nage même quand on l’associe à un bas de ligne d’assez fort diamètre (obligatoire sur ce type de poste pour extraire les poissons). En positionnant la canne scion en bas et en moulinant rapidement on peut le faire évoluer jusqu’à 60 cm sous la surface mais je l’utilise le plus souvent assez lentement dans les 20 à 30 premiers centimètres et parfois même le dos contre la surface pour créer un sillage. Je vous met une petite vidéo de présentation de la nage du leurre.
Comme je vous l’ai dit plus haut ce n’est pas dans ces profondeurs que j’utilise le plus souvent les crankbaits mais celui-ci m’a permis de prendre des bars quand je lui ai donné sa chance et surtout il m’a procuré de belles sensations avec des attaques violentes et très visuelles juste sous la surface dont je garde des souvenirs forts.
Les crankbaits qui évoluent entre 1 et 2 m de profondeur
Ici on rentre dans une couche d’eau où j’affectionne beaucoup les crankbaits et pour laquelle j’ai pas mal de références dans mes boîtes. J’en ai retenu 2 à vous présenter. D’abord car ce sont les 2 modèles qui me rapportent le plus de résultats dans cette couche d’eau mais aussi parce qu’ils sont très différents et assez complémentaires l’un de l’autre. Ici je ne vais pas particulièrement chercher les herbiers les plus denses et encore moins à faire beaucoup de bruit pour que mon crank soit repéré à coup sûr. Les deux modèles que je vais vous présenter sont silencieux mais poussent pas mal d’eau et en général cela suffit à ce que les bars les repèrent. En milieu ouvert, j’ai une préférence pour ces modèles démunis de billes bruiteuses et j’ai l’impression qu’ils me rapportent non seulement des prises plus régulières mais aussi des poissons de plus belle taille que ne le font les modèles bruiteurs.
Il s’agit d’un crank à flancs plats dont la bavette est proche de celle d’un square bill. Il se lance bien, passe parfaitement les obstacles et supporte une grande amplitude de vitesses de récupération. Sa bavette ultra fine et très résistante lui donne une nage vraiment intéressante avec un basculement flanc sur flanc très marqué mais une nage en ligne serrée. Il a la particularité d’être bien moins flottant que la plupart des autres crankbaits. Cela le rend très intéressant durant les phases de pauses.
Un autre de ses gros avantage c’est qu’il se comporte très bien dans le courant (ce n’est pas le cas de tous les cranks) et se prête donc parfaitement à la prospection des veines d’eau parfois assez fortes que je peux trouver en estuaire. Il plonge jusqu’à environ 1m60 sur une récupération rapide si on l’associe à une ligne assez fine mais dans la plupart des cas il évolue autour d’1m20 de profondeur. Je l’utilise principalement pour pêcher des zones assez étendues à la recherche des poissons actifs. Il passe vraiment bien les obstacles et déclenche souvent des touches juste après un contact mais je l’utilise aussi pour pêcher légèrement décollé sans forcément chercher le contact avec le fond, en particulier dans les zones de courant. C’est le modèle avec lequel je prends le plus régulièrement des bars de belle taille et celui avec lequel j’ai perdu un véritable monstre, peut être le plus gros bar que j’ai eu au bout de la ligne. Bref, j’ai une confiance absolue dans ce modèle.
Je vous mets une petite vidéo où Randy Blaukat (compétiteur sur le circuit black bass aux Etats Unis) le présente, vous pourrez voir la nage du leurre et sa faculté à passer les obstacles.
Le Zip Baits B Switcher 2.0 no Rattle
Le B Switcher 2.0 est un crankbait à bavette arrondie qui évolue jusqu’à 2 mètres de profondeur lorsqu’il est utilisé sur ligne fine, à vitesse moyenne et scion de la canne positionné vers le bas. De façon plus classique il prospecte généralement autour de 1,5 m de profondeur et je l’utilise donc à peu près dans les mêmes couches d’eau que le Sonic Side. La différence principale à mettre en avant avec le Sonic Side c’est que le B-switcher 2.0 atteint beaucoup plus rapidement sa profondeur de nage. Dans cette catégorie c’est celui de ceux que j’ai essayé qui plonge le plus rapidement et c’est avant tout pour cela que je l’aime et que je l’utilise.
Il me permet de pêcher des zones où il faut que le leurre soit en action à la bonne profondeur dès le troisième tour de manivelle. Je pêche pas mal de spots où c’est très important, en particulier des zones très proches de la bordure où les bars se tiennent en limite de courant et s’embusquent dans les rochers immergés très proches du bord. Ici il faut lancer au ras du bord et descendre tout de suite à la bonne profondeur pour être pêchant. Ce leurre le fait parfaitement. Son système de transfert de masse par piston magnétique permet de le lancer à très bonne distance et avec une excellente précision ce qui est un autre avantage pour les zones auxquelles je le destine. Sa nage serrée très naturelle et son absence de billes bruiteuses en font un leurre qui permet d’avoir des résultats très réguliers. C’est un excellent modèle pour cibler les poissons difficiles et pour prospecter les zones qui subissent une forte pression de pêche.
Les crankbaits qui évoluent entre 3 ou 4 mètres de profondeur
Ici on rentre dans des profondeurs où les bars voient passer très peu de leurres à bavette et sont peu sollicités par ce type de vibration. C’est le domaine des crankbaits à bavette allongée et arrondie, bien plus efficaces que les squarebill dès lors qu’il s’agit de pêcher creux. Comme je l’ai évoqué en introduction, avec leur bavette large et allongée pour pêcher en profondeur, leur facultés a bien passer les obstacles s’améliore et l’inconvénient du risque d’accroc qu’on pouvait leur trouver dans les modèles peu plongeants tend à s’amenuiser largement chez les meilleurs modèles de la catégorie. Ici aussi j’en ai essayé pas mal et la plupart m’ont rapporté du poisson. Je voulais vous en citer 2 modèles mais si le premier me semblait évident, j’avais du mal à faire le choix du second à vous conseiller. Je vais donc me contenter de vous parler de celui que j’utilise le plus, une fois encore le B Switcher.
Le Zip Baits B switcher 3.0 No Rattle et le Zip baits B switcher 4.0 No Rattle
Selon la position de votre canne et l’angle que vous donnerez à votre ligne le 3.0 évoluera à une profondeur comprise entre 2 et 3 m et le 4.0 à une profondeur comprise entre 3 et 4 mètres. A l’image du 2.0 dont j’ai parlé plus haut, ces deux modèles plongent très vite et atteignent tout de suite ou presque leur zone de pêche ce qui en fait des leurres très intéressants pour pêcher les tombants prononcés proches du bord où d’autres modèles ne passeraient pas correctement. Ils conservent leur profondeur de nage jusqu’au dernier moment et ne finissent par remonter que quand il reste un minimum de ligne dehors. Ils décrivent alors souvent un demi cercle très large avant de percer la surface et j’ai très souvent enregistré des touches durant ces quelques secondes où je pensais avoir fini mon lancer et cherchait à sortir mon leurre de l’eau pour le relancer. Je vous conseille d’être particulièrement attentif à ce moment là et de bien tenir votre canne car les touches sont violentes.
Cette spécificité de garder leur profondeur de nage jusqu’au tout dernier moment est l’un de leurs plus gros avantages mais cela constitue aussi une limite à leur utilisation qui est très compliquée depuis le bord sur les zones où la bordure est peu profonde et en pente douce. Par contre sur toutes les zones où le relief de la bordure est très marqué et où la zone profonde est très proche du bord il est tout à fait possible de les utiliser depuis le bord. J’aime beaucoup ces modèles pour pêcher les extérieurs des méandres en estuaire, les digues et enrochements ou encore certaines zones de côtes rocheuses abruptes.
Bien entendu en bateau ou en kayak c’est encore plus simple et c’est le leurre idéal pour cibler des plateaux de roches, des tombants sur la bordure ou encore les abords de têtes de roche immergées. Dans l’idéal vous placerez votre embarcation dans la partie la plus profonde pour lancer votre leurre sur la partie la moins profonde du poste. Notez que ces deux modèles ne m’ont pas rapporté que des bars, il m’est arrivé très régulièrement de capturer des grosses vieilles avec mais aussi, plus rarement, de séduire des dorades.
Les très grands plongeurs qui pêchent à plus de 4 m de fond
Je les utilise moins car pour la plupart ils tirent tellement sur la canne qu’il est nécessaire d’avoir une canne uniquement dédiée uniquement à leur utilisation. Je m’équiperais très probablement d’une canne pour cela dans les prochaines années mais pour le moment je n’ai pas le matériel adapté pour bien le faire. J’ai tout de même retenu un modèle (le seul que j’utilise régulièrement dans cette catégorie) qui tire un peu moins que les autres et qu’il m’arrive d’utiliser sur quelques spots plus profonds où les modèles que je vous ai cité plus haut passent trop haut dans la couche d’eau.
Le Zenith ZC 75
C’est un crankbait que j’ai découvert il y a une quinzaine d’années alors que je pêchais régulièrement le brochet. Peut être est-il arrivé trop tôt sur le marché ? Toujours est-il que ce leurre n’a jamais été un succès commercial auprès du grand public. Toutefois, il était considéré comme le meilleur grand plongeur par d’excellents pêcheurs et avait sa petite réputation chez les compétiteurs chevronnés. Je fais partie de ceux qui ont été très déçus lorsque Zenith a annoncé qu’ils en arrêtaient la production. Comme beaucoup d’autres utilisateurs de ce leurre, j’en ai fait un petit stock avant son arrêt. Je pêche le brochet bien moins souvent qu’auparavant mais depuis je l’ai recyclé avec succès pour la recherche des bars. J’en ai aussi donné à un ami qui pêche à la traîne et a eu d’excellents résultats avec ce leurre. Sur certains postes profonds (il plonge jusqu’à 6 mètres) il est vraiment redoutable. Normalement Zenith devait le ressortir l’année dernière, puis le projet a été repoussé à cette année. Aux dernières nouvelles ça devrait se faire mais pour le moment je reste prudent et je garde mes 2 derniers exemplaires précieusement.
Le choix des couleurs
Depuis la parution de la première partie de cet article vous avez été nombreux à me contacter pour me demander des conseils sur les couleurs à choisir pour pêcher le bar. Clairement c’est une question très vaste car j’utilise ces leurres aussi bien en mer ouverte et en eau très claire là où les bars chassent des sardines que dans des estuaires où l’eau peut être très trouble et où les bars se nourrissent principalement de crustacés. J’ai donc pas mal de coloris différents et ai confiance en beaucoup d’entre eux. Pour vous renseigner sur ce point je donnerais donc deux pistes :
- Plus votre crank pêche haut dans la couche d’eau et plus je vous conseille de jouer sur des couleurs naturelles et/ou des bases transparentes. Au contraire plus il s’agit d’un modèle qui plonge profond et plus je vous conseille de choisir des couleurs pleines et pourquoi pas d’oser des couleurs criardes.
- Beaucoup d’entre vous vont essayer de pêcher le bar au crank pour la toute première fois, ne vous rajoutez pas de difficulté en choisissant une couleur en laquelle vous n’avez pas confiance sinon vous pouvez être sûr que votre leurre va rester au fond de la boîte et n’attrapera jamais un bar. Faites plutôt le choix d’un coloris qui vous inspire ou dans lequel vous avez toute confiance et alors tout se passera bien.
J’espère que la lecture de cet article vous aura appris quelques petites choses ou vous aura éclairé sur cette famille de leurres. Si vous avez des questions ou des remarques, n’hésitez pas à les laisser en commentaires. On se retrouve très bientôt pour la troisième partie de cette série, on parlera alors du reste du matériel pour pêcher le bar au crankbaits : type de ligne, canne, moulinet…
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2 comments
SUPER
Vous m’apporter beaucoup de renseignements le monde du leurre est généralement compliqué pour un amateur . j’adore regarder les tutos et toutes ces informations que vous pouvez donner me serons tres utiles pour ma jeunes carrieres de pecheurs . merci a tous pour nous transmettre votre savoir vos connaissances et surtout cette experience .
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