Si il est une pêche que je prends plaisir à pratiquer depuis plusieurs saisons, c’est bien le drop shot, du bord, en fleuve. Technique statique pour certains, peu ambitieuse pour d’autres, cette pratique permet à mon sens de faire un grand nombre de poissons tout en maximisant le plaisir grâce à du matériel léger et adapté. Finesse n’est en rien synonyme de petits poissons quand on parle de percidés…
Je préfère les cannes relativement longues pour pratiquer depuis la berge : un meilleur angle pour éviter que la ligne ne « traine » trop sur la cassure, plus de bannière soustraite au courant et un contrôle optimale de la dérive. J’utilise la LUNAKIA 822 de Tenryu, même si la FAST FINESSE ML convient tout à fait elle aussi (certe plus courte, mais avec un talon légèrement plus court lui aussi). Ces 2 modèles sont construits avec un blank CNT (Carbone Nano Tube), d’où une résonance au top et une action plutôt rapide pour cette plage de puissance. Voilà deux cannes qui allient parfaitement le côté « sec » nécessaire pour faire pénétrer l’hameçon dans la gueule des sandres et controler sa bannière même par grand vent, et une action plus douce lors du combat pour éviter les décrochés des grosses perches à la gueule fragile.
La LUNAKIA est donnée jusque 25gr en terme de puissance. Je la charge au maximum avec des plombs de 18gr, si un tel poids se justifie évidemment (gros courant et très fort vent). La FAST FINESSE ML est plus faible en puissance (5-17gr) mais possède ce qui peut constituer un gros avantage à mes yeux lors des pêches par très faibles températures : son porte moulinet recouvert en grande partie de liège apporte un côté « chaud », contrairement au porte moulinet carbone de la Lunakia.
3 réfèrences d’hameçons conviennent particulièrement pour pratiquer.
DECOY Worm 123 en n°3 et 5 : ce dernier a l’avantage d’être monté sur un émerillon rolling pour éviter le vrillage de la ligne. Il faut bien réaliser que si une pêche statique se justifie dans certains cas, une pêche « à rouler » ou même « à ramener » permet de couvrir un maximum de terrain.
DECOY Worm 120 en n°1/0 : si il est lui aussi monté sur émerillon rolling, il est doté d’un système d’épingle pour bloquer le fluorocarbone tenant le plomb. J’étais dubitatif quant à la tenue, mais cet épingle ne m’a jamais déçu. Vu sa taille, cet hameçon se destine plutôt à des leurres en 4 ou 5 pouces.
DECOY Worm 117 : toujours sur un « rolling », il s’agit là d’un hameçon texan. Pratique pour aller chercher des poissons en « statique » à proximité des structures, il s’accrochera beaucoup moins que les versions citées précèdemment. Attention par contre, il faudra certainement ici « extraire » les poissons, d’où l’utilisation d’un fluoro plus fort, en 8 ou 10lbs. N’hésitez pas là aussi à serrer le frein pour assurer votre ferrage.
Certains dirons que je n’utilise que des hameçons montés sur émerillon. C’est vrai. Plusieurs raisons m’y ont poussés : contrairement à mon idée de départ, après différents tests à plusieurs pêcheurs, celà ne bride en rien la nage des leurres. Par contre,il est nettement plus facile de changer son brin de fluorocarbone en dessous de l’hameçon (ce morceaux de ligne s’abimant très vite à cause du contact avec le fond). Le noeud fixé directement sur l’oeillet d’un hameçon simple s’abimera plus vite lorsque le poisson a « gobé » le leurre et qu’il faut aller le rechercher dans le gosier d’une grosse perche. La pêche en Belgique étant autorisé une heure avant et après le levé du soleil (deux heures pour la zone néerlandophone du pays), c’est toujours hasardeux de refaire un noeud dans le noir, même avec une bonne lampe frontale comme la Lendlenser H5 R Core. Le plomb terminal peut lui être de différentes formes, goutte d’eau comme le DS2, ou un simple plombs de forme cylindrique.
Concernant la ligne, le mot d’ordre la finesse. Une tresse trop épaisse va réduire le ressenti et augmenter la prise au vent.
Un PE0.6 est parfait. J »utilise deux réfèrences de tresses qui n’ont plus rien à prouver: X BRAID X8 Upgrade et YGK BornRush. La première a l’avantage d’être colorée et la seconde plus neutre, discrète, bénéficie d’une extraordinaire résistance à l’abrasion grâce à son coating spécial. Ces deux modèles, au tressage serré, ne m’ont jamais déçu.
Le bas de ligne « classique » est en fluorocarbone 6Lbs et se doit d’être long pour empêcher tout frottement de la tresse sur les élèments abrasifs que l’on retrouve en fleuve.
L’action de pêche est relativement simple, avec un seul mot d’ordre: faire des veines de courant un allié sans jamais décoller le plomb du fond. Les poissons sont vite éduqués, et si le plomb doit « rouler » sur le fond, un bruit de plomb qui tape de manière répeté va vite éveiller la méfiance des sandres (il est vrai cependant que dans certaines situations, celà peut exciter les perches). Ainsi, je prospecte méthodiquement via des dérives amont/aval et une récuperation lente du « mou » de la ligne.
Les tenues des poissons changent régulièrement, alternante le chenal et la cassure menant à ce dernier. Tôt le matin et tard le soir, les sandres ont souvent tendance à « monter » sur les zones de plateau, en bordure, pour y chasser. Il n’est ainsi pas rare de piquer des poissons dans moins d’un mètre d’eau, à la faveur de l’obscurité. Violence de la touche garantie!
Pensez à vous aider des structures (aval des piles de pont, structures en bois, etc…) qui sont des postes de choix. Il sera justifié dans ces situations de monter le grammage de votre plomb, pour insister lourdement et agacer des poissons en repos ou cachés bien à l’abri. Un leurre souple de type « finesse » ou « slug » sera alors tout indiqué.
Concernant les leurres, justement…
Mon « grand » classique est le Hazedong shad dans sa version 3 pouces. Enfilé sur l’hameçon sur les pêches où je m’aide du courant, il sera malgré tout piqué par le nez pour les pêches plus statiques. Celà permet aussi de « finir » ces leurres lorsque ces derniers finissent en mauvais état après de multiples prises. La gamme de coloris est vaste, mais mon grand classique est clairement le « Pro blue » qui prend tout au long de l’année (même par eau teintée contrairement à la croyance populaire). « Green pumpkin shad » m’a rapporté bien des prises lui aussi, en particulier lors des passages répetés de péniches qui remuent le fond. « Psychedelic chart » permet lui aussi de tirer son épingle du jeu quand l’eau est très trouble, de même qu’un « Solid white » dans cette condition. Un coloris pailleté de type « Ablette » est enfin un bon complément lorsque le soleil brille très fort.
Les leurres de type « grub », avec en tête le X layer curly et son grand frère Sawamura, le One up curly, permettent de varier les vibrations. Une note d’ailleurs sur ces deux modèles, identiques par leur queue mais si différent dans la vibration apportée: si le X layer bénéficie d’une queue « voile » qui ondule en restant en ligne, le One up curly lui brasse plus d’eau et tire plus dans la canne. Si la taille 3.5 pouces est la plus classique, il ne faut cependant pas hésiter à sortir les versions 5 pour viser les plus gros poissons. On sera toujours surpris par la capacité d’un petit sandre à aspirer des leurres de taille conséquente.
Enfin, pour des pêches plus statiques, Sling shad 5 pouces et Mother worm feront des miracles. Le nouveau Fishroller de RAID JAPAN est lui en phase de test, à approfondir sur cette fin de saison.
Technique et fine à la fois, le drop shot est une technique simple à mettre en oeuvre et qui apportera le sens de l’eau aux plus néophytes. La Meuse, le Canal Albert et les canaux flamands sont un magnifique terrain de jeu pour les pêcheurs belges, mais la France n’est pas en reste avec de nombreux fleuves répartis sur tout le territoire. La présence de gobies a fait gonfler les percidés ces derniers années sur certains secteurs, et vous risquez d’être surpris par la taille des poissons qui viendront aspirer votre leurre. A l’heure où j’écris ces lignes, il reste quelques semaines avant la fermeture du carnassier. Plus d’hésitations, tentez l’experience DROP SHOT!