Bonjour à tous, voici le récit de ma participation aux championnats du monde de pêche aux leurres en bateau.
Après une année 2019 remplie de victoires et de bons résultats, le tout accompagné d’un titre de champion de France, nous avons eu la très bonne surprise d’être sélectionnés en équipe de France, en tant que remplaçant, j’y reviendrai un peu plus tard afin d’expliquer (en connaissance de cause) ce rôle ô combien difficile et important pour l’équipe. La date annoncée en Pologne est annulée par deux fois, pour cause « LA COVID » ! On y croit chaque année et nos espoirs partent en fumée jusqu’à penser qu’on ne participera jamais à ce rêve de gosse !
L’équipe est constituée de trois équipages :
– MARRAGOU / DELEBARRE
– MARMIER / MARMIER
– TOUCHE / LE MOIGNE
Il ne reste plus que trois semaines aux pays pour se manifester afin de proposer un lieu et un site répondant à toutes les exigences demandées et c’est la République Tchèque qui est retenue à ce petit jeu. Il nous reste désormais quelques semaines afin de glaner quelques informations précieuses sur le fameux lac « Slappy ». C’est un lac de barrage de 43 kilomètres de long qui alterne entre falaises, éboulis et grandes plages. Nous récoltons quelques informations nous indiquant une pêche de perches et de sandres principalement et très peu de brochets.
4 espèces seront comptabilisées : Perches 28 cm, brochets 50 cm, sandres 40 cm et aspes.
La compétition se fera pour la première fois sur trois jours et la régularité sera importante tout comme la gestion des postes. Deux équipes pêcheront et la troisième équipe remplaçante sera là pour observer les autres équipes et gérer le nombre de poissons entre les deux équipes ainsi que le calcul de points.
La préparation est simple, chaque membres de l’équipe récolte des informations à droite à gauche via les copains, les sponsors ou les connaissances via les réseaux sociaux. Tous les 15 jours nous nous réunissons en vidéo-visio et partageons nos infos ( profondeurs, espèces, techniques, leurres,…). Nous faisons aussi bien le point sur la logistique : matériel, cadeaux, itinéraires, lieux pour dormir, etc…). Notre capitaine Franck parle couramment anglais et cela nous facilite grandement la tâche. Nous faisons également le point sur le fameux « qui a quoi ? » au niveau matériel car nous sommes dans l’ignorance au niveau de la pêche et partons un peu à l’aveugle.
Une compétition a lieu une semaine avant où 90 bateaux seront présents et beaucoup de nations ont envoyés leurs compétiteurs afin de commencer le repérage ou le compléter pour d’autres. Il faut savoir qu’un pays comme l’Ukraine est resté 1 mois avec 10 bateaux pour s’imprégner totalement de la pêche et comprendre au mieux la pêche et le comportement du poisson.
Lors de cette compétitions de nombreux brochets ont mordu et cela chamboule un peu notre plan mais pas grave nous essayerons pour confirmer ou non la capture de ces derniers.
C’est le jour J, on est dimanche 02 octobre et nous prenons la route, la voiture et le bateau sont pleins à craquer ! Pas moins de 25 cannes sont chargées pour pallier à toutes les situations ou presque ! Nous avons 17 heures de route, nous allons nous rejoindre sur la route et nous suivre avant de faire une halte à Mulhouse pour une bonne nuit réparatrice. Au programme, casse-croûte et analyse de cartographie du lac avec les différentes vues trouvées qui seront d’une aide précieuse.
Le réveil est assez facile, nous sommes pleins d’adrénaline et il nous tarde d’arriver sur le lieu ! C’est chose faite sur les coups de 15 h, maintenant place à l’enregistrement de l’équipe, à la mise à l’eau des bateaux qui resteront la semaine entière sur l’eau. Nos trois bateaux sont à l’eau et nous jetons un œil sur ce fameux lac, c’est vraiment magnifique et ressemblefortement aux lacs corréziens que nous apprécions pêcher. Il est 18h et c’est l’heure de la réunion des capitaines, nous avons décidé en concertation que j’accompagnerais Franck lors des différentes réunions afin d’être deux. Ces réunions permettent d’expliquer les différents points de règlements mais les réclamations ou autres.
Première surprise l’organisation nous annonce que la taille de la perche passe à 30 cm au lieu de 28cm (surement que l’équipe locale de Tchéquie a une pêche de sandres pour demander une telle chose qui handicap forcement les pêches de perches). Beaucoup de pays ne sont pas d’accord et s’opposent fermement à cette mesure dont la France. Ce point sera revu le lendemain nous disent-ils.
- Premier jour d’entrainement : Nous avons divisé le lac en trois parties pour nos trois bateaux, l’un visera le secteur aval avec quelques recherches de poissons pélagiques, l’autre se concentrera sur la partie médiane du lac avec un bras qui a bien donné lors de la compétition sur les sandres et de nombreuses plages et enfin le dernier bateau ira sur l’amont du lac et visera les brochets jusqu’à midi en vain et pêchera des zones dites « abruptes » sans résultats probants. Le verdict est clair, les poissons se situent sur les plages et des pêches sans animations sortent timidement du lot.
- Deuxième jour d’entraînement : Nous avons conclu que les poissons se situent et mordent sur les plages,
maintenant reste à trouver plusieurs zones pour les deux bateaux qui pêcheront ainsi que les leurres et montages qui feront la différence. Beaucoup d’équipes ne pêchent même pas et passent juste le sondeur car elle sont présentes sur place depuis plusieurs semaines et ne veulent rien dévoiler. L’équipe organisatrice se paye même le luxe de faire une très grosse pêche de perches…. Tout laisse à croire qu’ils ont une pêche de sandre vraiment solide pour faire ça….
A suivre ! Nous finissons a 10/15 poissons par bateau et on se dit que si on réalise la même chose le lendemain on devrait être « pas trop mal » . La pêche trouvée est une pêche au spintail dans 8/10 m d’eau en linéaire sans aucune animation très proche du fond à « deux à l’heure ». Des lames assez lourdes fonctionnent aussi très bien c’est 50/50.
- Premier jour de compétition :
Une de nos deux équipes va essayer de prendre d’assaut le poste juste à coté de lamise à l’eau, très prometteur en entrainement où nous avons fait un ou deux poissons à chacun de nos passages puis laisser le poste tranquille. C’est chose faîte et ils réalisent une grosse entame avec la prise de 10 perches maillées en l’espace de 1h ! Nous sommes sur le bord avec Charlie et on assiste à 20 m d’eux à ce super début, cela nous permet d’être au courant de leurs prises et de leur donner les conseils d’un oeil extérieur. Notre deuxième bateau est un poil en retard mais va le combler très rapidement avec la prise d’un sandre et de nombreuses perches. Nous terminons au milieu du tableau à la 8ème place cette journée. Les prises sont bien plus nombreuses que dans nos pronostics issus des entrainements. Mais on est dans le coup car il faudra être régulier les trois jours. Si l’on doit tirer un bilan technique de cette journée, nous avons étés capables d’attraper des poissons sur les phases d’activité et même de faire jeu égal avec les autres pays durant ces moments mais la différence intervient lors des phases de repos où certaines nations continuent à garder un rythme de prise régulier quand ça se calme pour la plupart des équipes. Le point noir de la journée est la blessure à l’œil de Nicolas qui a pris un leurre et ce dernier a surement irrité la cornée, espérons que la nuit rétablisse le problème.
- Deuxième jour de compétition :
Nous sommes réveillés à 05h30 par notre capitaine pour nous dire que Nicolas ne va pas mieux et que l’on va devoir se réunir pour prendre une décision. La décision est collégiale et nous décidons de laisser Alain en jeu car il connait les postes de la veille et sait comment les aborder, reste à savoir qui pêche avec lui, Charlie (que je remercie encore) prend la parole et propose que ce soit moi qui rentre dans la compétition suite au bon pré-fishing et à la tournure de la pêche. Il faut alors que je prenne tout mon matériel du bateau pour le transférer et que je prenne mes marques sur ce bateau dans lequel je met pour la première fois un pied. Tout comme il va falloir s’adapter avec Alain car nous n’avons aucun repère ensemble, c’est la première fois que l’on pêchera tous les deux…Nous voulons à tout prix prendre le poste à côté de la mise à l’eau et ça va être du sport car beaucoup le veulent, notamment les anglais ! Les bateaux se touchent et ça va être chaud !
Nous réussissons notre coup et on est les premiers sur le poste, après une réclamation de non respect des 50 m, ils s’écartent et nous pouvons pêcher sereinement bien que filmés et espionnés par plusieurs nations depuis le bord ! Pas simple de se concentrer dans ces conditions mais c’est le jeu. Nous capturons trois perches très rapidement entre 33 et 38 cm, de quoi me et nous mettre en confiance pour ce début de manche ! Nico et Charlie, les remplaçants du jour nous avertissent qu’un bateau local (plusieurs bateaux hors concours pêchent pour prévenir les tchèques de la présence ou non de poissons actifs) capture quelques perches sur un endroit repéré les jours précédents , nous prenons la décision d’y filer à fond la caisse car notre spot numéro 1 est sur off à présent ! Nous prenons des touches après une dizaine de minutes et là c’est la folie ! Nous capturons des perches très régulièrement dans 8/10m d’eau avec une technique nouvelle pour nous, dérivée d’un montage « Carolina ». Régulièrement nous nous servons du livescope pour trouver facilement les poissons après quelques lancers sans touches. Deux pays sont avertis (Lituanie et République tchèque) de nos prises et débarquent à 50 m pile poil au télémètre ! C’est le jeu , il faudra être meilleurs qu’eux et c’est chose faîte ! Notre rythme de prises est plus élevé tout comme la taille moyenne, chacun épuise son poisson afin de ne pas perdre de temps de pêche et surtout à cause du point de règlement qui dit que si l’on veut épuiser le poisson de son coéquipier il faut remonter son leurre à bord du bateau. De ce fait, avec des lancers très longs il est quasi impossible de réaliser cet épuisage a deux pour nous. On opte du coup pour une mise à l’épuisette en solo, suivi de la mesure (bouche fermée et queue ouverte) avec notre commissaire à bord ainsi que la remise à l’eau du poisson sur le poste ….
La pêche en verticale est interdite sur ces championnats mais les poissons sont sous le bateau et sont attirés par la sonde. Du jamais vu… On trouve alors des alternatives en passant de devant à derrière le bateau sans être en infraction au risque de prendre un carton. Nous prenons tout de même deux avertissements ! On avait le droit à trois, on a donc été au bout de cette tentative sans prendre le dernier risque !
Nous alternons au bout de notre montage des virgules en 3 et 4 pouces, des finess et des shads. La clé du succès se fait dans l’alternance et la lenteur de notre pêche. De temps en temps un coup de lame permet de rentrer un poisson supplémentaire. Nous finissons la manche avec 52 perches maillées ! Une journée fantastique où on s’est régalé. La deuxième équipe réalise une très belle pêche également sur une autre plage en pêchant avec la même technique glanée la veille et finit a 37 poissons ! Nous avons compris des choses ! L’équipe de France termine deuxième de la manche, un super résultat et pour couronner le tout Alain et moi gagnons une manche du championnat du monde ! Un rêve de gosse pour une première et un partage extraordinaire avec l’équipe ! Notre équipe de France est alors classée 4ème au classement général provisoire avant la dernière manche, à seulement deux points place de la Pologne et avec trois places d’avance sur la Hongrie. Nous décidons de faire notre deuxième changement le vendredi soir et c’est Charlie qui remplace Christophe, ce qui prouve encore une fois cet esprit d’équipe formidable où chacun se respecte !
Croyez moi que le petit corrézien a les crocs !
- Troisième jour de compétition : La nuit à été mouvementée et nous savons que cette journée va être très difficile pour la pêche mais aussi pour les nerfs ! Nos visages sont fermés au petit déjeuner et tout le monde est déjà concentré sur sa pêche sans oublier la bonne humeur ! Charlie et Franck vont revenir sur leur poste de la veille et vont réaliser une bonne pêche avec même la prise d’un sandre. Nous arrivons avec Alain premier sur notre poste de la veille mais malheureusement les poissons ne sont plus trop là et nous attrapons seulement quelques poissons, nous perdons du temps à chercher d’autres postes et nous « perdons » un peu dans cette situation en raison d’une trop faible connaissance du lac et trop peu de temps d’entraînement pour avoir assez de postes.
Nous trouvons un super poste à 15 mn de la fin où l’on capture 5 perches et on appelle l’autre bateau pour qu’ils continuent leur performance du jour ! Nous terminons avec 15 perches et le deuxième bateau à bien bien réussi avec 24 perches et un sandre, bravo à eux ! La manche est finie et nous essayons de savoir ce qu’il s’est fait même si nous savons déjà que notre résultat est trop faible ! La Pologne est complètement passée à coté avec 25 perches seulement réunies sur les deux bateaux. C’est une très bonne chose mais malheureusement pour nous la Hongrie se place parfaitement et réalise une superbe troisième manche et nous prend la médaille de bronze pour 4 points places au cumul des trois jours, ce n’est rien, on creuse un gros écart avec la Pologne en les mettant a 21 points places derrière nous ! Nous sommes énormément déçus car on a touché de très près l’exploit de réaliser un podium mondial avec si peu de préparation !
- Le Bilan : Bien entendu nous sommes très fiers et il faut être fier de cette place de 4ème sur un championnat du monde aussi relevé lorsque l’on sait que les pays de l’est concourent toute l’année à plus de 100 bateaux sur leurs championnats nationaux et que seulement 3 équipes sont sélectionnées pour pêcher à ce mondial ! Avec du recul il nous manque seulement 3 perches (170 capturées sur le championnat pour nous), on garde en tête aussi que les hongrois ont attrapés un brochet de 1m07 (au carré) en pêchant le sandre mais aussi que nous n’avons identifié la bonne technique de pêche qu’au soir du premier jour de compétition et que nous ne l’avons mis en pratique qu’à partir du second jour ! Avec des « si » on refait le monde… mais là ça reste en travers ! C’est un gros investissement personnel tant d’un point de vue temporel que financier ! Un grand merci à tous nos sponsors, partenaires et familles sans qui rien ne serait possible… Pour être franc il n’y a pas un seul jour depuis notre retour où je ne repense pas à cette 4ème place ! Mais il faut savoir penser à autre chose même si c’est plus facile à dire qu’à faire. Merci aussi à tous mes amis et à tous ceux qui nous ont suivi et encouragé ! Nous avons ressenti derrière nous un réel soutien très important dans notre réussite. La présence et le rôle de remplaçant est primordial dans le résultat des équipes titulaires. Sans ces personnes là rien n’est possible ou en tout cas pas aussi bien ! Notre équipe à été soudée tout au long du séjour et l’esprit de groupe passe au premier plan, autrement la réussite est impossible, le partage des informations mais aussi la rotation des pêcheurs à été exemplaire et j’en remercie tout le monde ! Cette expérience fut fantastique et inoubliable… Il faut aussi rappeler que seules 4 nations (dont la France) ne se sont pas rendues sur place pour s’entrainer avant la semaine des championnats du monde. Toutes les autres équipes y sont allées entre 7 et 30 jours à plusieurs bateaux, chose hyper importante dans cette préparation si précieuse. C’est pourquoi avec seulement les deux jours d’entraînements officiels nous sommes fiers de ce résultat et avons fièrement représenté notre pays.
Côté matériel j’ai beaucoup pêché avec la Tenryu fast finess M qui m’a été d’une grande aide dans la détection des touches. J’ai utilisé des bas de ligne entre 22 et 27 centièmes selon les techniques utilisées. J’ai eu de bons résultats avec la lame ONIMARU 20 G qui est un allié de premier choix car en plus de faire 20 grammes elle est tout de même élancée (75 mm) et offre une nage bien particulière qui a fortement plu aux perches tchèques. Pour les leurres souples j’ai utilisé des X layer curly 3’5 alternant les coloris naturels et agressifs, mais aussi les nouvelles écrevisses DUO REALIS G-FIX T-HOG 3.5 et des BOOSTAR WAKE 3.5, mon leurre fétiche pour de nombreuses pêches, c’est un leurre super polyvalent.
Je vous laisse sur ce dernier point matériel et vous dit à bientôt.
Romain.