Quelles sont les dates d’ouverture de la pêche en 2024 ? Quelle est la taille minimale légale pour garder une truite ? Où est ce que je peux pêcher avec ma carte de pêche ? Quel est le prix du permis de pêche ?… Que vous soyez un pêcheur débutant ou déjà un habitué, vous vous posez souvent des questions sur la règlementation de la pêche en eau douce en France et nous posez souvent des questions à ce sujet. On a donc essayé ci-dessous de vous faire un point assez complet sur la règlementation en vigueur.
En 2006, l’adoption de la loi sur l’eau et sur les milieux aquatiques a conduit à une réglementation plus stricte de la pêche en France et à créer par la même occasion la FNPF (Fédération Nationale de la Pêche en France) qui est en charge de la pêche en eau douce. Depuis, de nombreuses réformes ont eu lieu et elles donnent parfois lieu à des difficultés de compréhension de la réglementation. Dans cet article, nous allons tenter d’y voir un peu plus clair et de refaire un point sur la réglementation française en matière de pêche en eau douce dans le domaine public.
La gestion de la pêche en France : une histoire de réciprocité
La pêche de loisir en eau douce en France est gérée nationalement et de façon « pyramidale » par la Fédération nationale de la pêche en France (FNPF). Il s’agit de la seconde plus grosse fédération sportive de France en nombre de pratiquants après le football ! La FNPF délègue la gestion de la pêche à des associations régionales (au nombre de 13), qui regroupent chacune des fédérations départementales (FPPMA : Fédération départementale pour la pêche et la protection du milieu aquatique).
Au vu de la diversité de biotopes au sein même des départements en France, les règles de pêches fixées au niveau national sont adaptées au niveau local. Chaque FPPMA est ainsi subdivisée en plusieurs associations de pêche: les AAPPMA. Ce sont elles qui s’occupent des droits de pêches qu’elles acquièrent, négocient, reçoivent ou louent. Elles participent également à l’entretien de berges, aux rempoissonnements ou encore à l’organisation de concours de pêche. Au vu du nombre d’associations présentes en métropole, celles-ci ont décidé de s’associer, afin de mettre en commun leurs territoires de pêche : c’est la réciprocité. Il y a donc 3 grandes ententes interdépartementales mises en place en France :
- EHGO : l’Entente Halieutique du Grand Ouest
- CHI : le Club Halieutique Interdépartemental
- URNE : l’Union Régionale des fédérations du Nord-Est
Seuls 6 départements sont donc non-réciprocitaires : l’Ardèche, les Hautes Alpes, la Lozère, le Jura, la Savoie et la Haute Savoie. A noter qu’il existe un accord de réciprocité uniquement entre la Savoie et la Haute-Savoie (votre cotisation dans l’un de ces deux départements vous donne donc le droit de pêcher dans l’autre).
Attention cependant à une petite subtilité : en théorie, pour pêcher dans l’un des 6 départements non-réciprocitaires, vous êtes censé vous acquitter d’une cotisation supplémentaire. Cependant, dès lors que vous vous acquittez d’une carte de pêche, vous avez le droit de pêcher à une canne sur tout le domaine public fluvial français (nous vous invitons donc à consulter les arrêtés préfectoraux relatifs à chaque département pour savoir précisément les milieux classés ou non en domaine public fluvial).
ATTENTION : même au sein des départements réciprocitaires il existe quelques AAPPMA qui n’ont pas souhaité adhérer à ce principe de réciprocité. Pour avoir le droit d’y pêcher il faudra absolument prendre sa carte dans l’AAPPMA concernée et celle-ci ne permettra de pêcher que sur le territoire de l’AAPPMA. En cas de doute, n’hésitez pas à vous renseigner auprès de votre détaillant d’articles de pêche ou de votre fédération départementale.
La carte de pêche : laquelle choisir ?
Il est important de comprendre le sens de l’achat d’une carte de pêche pour prendre une décision éclairée lors de son acquisition. En effet, une carte de pêche est systématiquement rattachée à une association (AAPPMA) dont on devient membre contre le paiement d’une cotisation annuelle. Une partie de l’argent est reversé à la Fédération départementale. En achetant votre carte de pêche, vous payer également sans forcément le savoir la « Cotisation pêche et Milieux Aquatiques » (CPMA) qui va à la FNPF et une « Redevance Milieu Aquatiques » (RMA) qui va aux agences de l’eau. L’ensemble de ces cotisations et redevances alimentent un fond qui est redistribué aux Fédérations et aux AAPPMA pour établir des aménagements pour la pêche et pour la restauration des milieux aquatiques (comme l’entretien des berges par exemple ou la mise en place de zones aménagées pour les personnes à mobilité réduite). En somme, lorsque vous payez votre carte de pêche, peu importe où vous habitez, vous adhérez à l’une de ces AAPMA et c’est donc vous qui choisissez l’endroit où « part une partie de votre cotisation ». Dernière petite précision à ce sujet : le payement des cotisations est annuel et unique. Si vous avez besoin de reprendre une carte pour pêcher dans une AAPPMA non réciprocitaire, ces cotisations seront déduites automatiquement du prix de la carte.
Voici un aperçu des différentes cartes que vous pouvez choisir (sur la base des tarifs de 2024) :
- Carte Personne Majeure Interfédérale (110 €): Elle permet à toute personne majeure de pêcher avec 4 cannes maximum dans les 91 départements qui composent l’EHGO, l’URNE et le CHI et à une seule canne sur tout le domaine public fluvial français des départements ou AAPPMA non réciprocitaires.
- Carte Personne Majeure (85 €): Elle permet à toute personne majeure de pêcher avec 4 cannes maximum Uniquement dans le département où la carte a été délivrée et à une seule canne sur tout le domaine public fluvial français des autres départements ou des AAPPMA non réciprocitaires.
- Carte Découverte Femme(40 €) : Elle permet à toutes les femmes majeures de pêcher dans les 91 départements réciprocitaires et sur tout le domaine public fluvial français des départements ou AAPPMA non réciprocitaires. En prenant cette carte, vous ne pourrez pêcher qu’avec 1 seule canne. Les femmes voulant pêcher avec plus de 1 canne devront prendre une carte personne majeure ou une carte personne majeure interfédérale.
- Carte Personne mineure (23.5 €): Elle est dédiée aux personnes mineures au 1er janvier de l’année de délivrance. Elle permet de pêcher avec maximum 4 cannes dans les 91 départements réciprocitaires et à une canne sur tout le domaine public fluvial français des départements ou AAPPMA non réciprocitaires.
- Carte Découverte moins de 12 ans (7 €): Elle permet aux jeunes de moins de 12 ans de pêcher avec 1 seule canne dans les 91 départements réciprocitaires et sur tout le domaine public fluvial français des départements ou AAPPMA non réciprocitaires.
- Carte Hebdomadaire (35 €): Avec cette carte, vous pourrez pratiquer tous les modes de pêche jusqu’à 4 cannes dans les 91 départements réciprocitaires et sur tout le domaine public fluvial français des départements ou AAPPMA non réciprocitaires. Elle est valable 7 jours consécutifs.
- Carte Journalière (13,5 €): Cette carte est accessible toute l’année, et permet de pêcher sur une seule journée et de pratiquer tous modes de pêche sur parcours de 1ère et 2ème catégorie de toutes AAPPMA réciprocitaires du département concerné?
- Carte automnale (offre valable depuis 2021 pour 42.5 €): Si vous n’avez pas eu l’occasion d’aller à la pêche en début d’année, vous pouvez vous rattraper sur la fin d’année. A partir du 01/09 de chaque année, cette carte est à prendre comme une « réduction tarifaire » sur la carte Personne Majeure Interfédérale. Comme cette dernière, elle permet à toute personne majeure de pêcher avec 4 cannes maximum dans les 91 départements qui composent l’EHGO, l’URNE et le CHI et à une seule canne sur tout le domaine public fluvial français des départements ou AAPPMA non réciprocitaires
Les cartes de pêche « Découverte moins de 12 ans », « Personne mineure », « Découverte Femme » , »Hebdomadaire » et « Journalière » bénéficient donc gratuitement de la réciprocité interdépartementale, mais SEULEMENT si la carte de pêche est prise dans une association de pêche en Réciprocité interdépartementale. Toutes les cartes (hormis la carte hebdomadaire, journalière et automnale), sont valables pour une année civile, soit du 1er Janvier au 31 décembre. Attention donc car si vous prenez votre carte début Novembre par exemple, vous ne pourrez en profiter que 2 mois !
Ouverture de la pêche et réglementation en première et deuxième catégorie
Attention aux exceptions : il y a des AAPPMA ou fédérations départementales qui ajustent localement la réglementation initialement prévue par la FNPF. On peut par exemple évoquer la la Fédération de l’Aveyron qui a décidé d’autoriser sur son territoire la pêche aux leurres et au vif toute l’année, même en période de fermeture nationale.
Rappel sur les périodes de fraie des carnassiers en France
En France, les périodes de fermetures ont été instaurées pour préserver la reproduction délicate de deux espèces cibles: le brochet (en seconde catégorie) et la truite (en première catégorie). Cependant, à l’ouverture de la pêche des carnassiers fin avril en deuxième catégorie, de nombreuses espèces sont en pleine période de fraie, comme par exemple le sandre ou encore le black-bass. Nous vous recommandons donc d’essayer de ne pas cibler ces espèces pendant leur fraie, période au cours de laquelle ils sont particulièrement vulnérables.
Vous trouverez dans le tableau ci-dessous un aperçu des périodes habituelles de reproduction des principales espèces de carnassiers. D’une année sur l’autre, les périodes exactes peuvent évoluer selon les régions, les conditions hydrologiques et le climat.
Tailles légales et nombre de captures : une approche locale basée sur le milieu et les intentions de l’AAPPMA
La question des tailles légales de capture et du nombre de poissons pour lequel le prélèvement est autorisé est probablement la partie de la règlementation de pêche pour laquelle il existe la plus grande diversité de règles sur le territoire français. Concrètement sur ce point, une règlementation nationale serait un non sens car chaque rivière et chaque lac ou étang a ses spécificités (température, PH de l’eau, présence ou non de frayères, abondance plus ou moins forte de nourriture…) qui conditionnent la taille moyenne des poissons et leur plus ou moins bonnes capacités à se reproduire. Il existe cependant une « base nationale »: le code de l’environnement. Ces tailles minimales (et parfois maximales) de captures sont par la suite ajustées à chaque environnement (ou non) localement par les fédérations départementales.
Les intentions de l’AAPPMA en matière d’halieutisme conditionne aussi de plus en plus souvent ces règles liées au prélèvement. Certaines APPMMA, souvent pour répondre aux attentes de leurs adhérents, vont privilégier une taille légale assez faible afin de permettre en théorie à leurs pêcheurs de capturer un maximum de poissons qu’ils auront le droit de conserver. A l’inverse d’autres font le choix d’une taille plus élevée pour préserver les poissons de petite taille qui seront les futurs géniteurs. De plus en plus d’AAPPMA et même récemment de fédérations font également le choix d’une double maille (ou fenêtre de capture) avec donc une taille minimale et une taille maximale de capture. Le but ici est à la fois de protéger les futurs géniteurs qui assureront le renouvellement de la ressource ainsi que les gros spécimens qui vont constituer l’intérêt halieutique de la zone et attirer des pêcheurs passionnés en quête de belles prises ou de records.
De la même manière, les AAPPMA influent localement souvent sur d’autres aspects réglementaires comme par exemple l’obligation à certains endroits de n’utiliser que des hameçons simples et/ou sans ardillons (afin de préserver au mieux les poissons en vue de leur remise à l’eau) ou encore sur des périodes d’interdiction de la pratique du wading (le fait de pêcher en marchant dans l’eau) afin de protéger les œufs de poissons.
En résumé, nous vous conseillons de bien vous renseigner en amont sur les réglementations propres à chaque fédération et même à chaque AAPPMA. De plus, nous ne pouvons que vous recommander de prendre votre carte de pêche (et si possible de vous investir bénévolement) dans une AAPPMA qui de part ses actions contribue à faire évoluer la pêche dans son secteur de façon constructive et durable.